SOMMAIRE


LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES


- : peu intéressant

* : assez bon

** : bon

*** : excellent

**** : exceptionnel


Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :

Concerto (*/*/-/*)

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KABALEVSKI Dimitri (1904-1987)


ORCHESTRE

Si la Symphonie n°2 exprime par l'expresionnisme musical la poursuite de la veine pathétique liée au genre de la symphonie post-romantique, les suites Nicolas Breugnon, Les Comédiens, Romeo et Juliette appartiennent au style post-tchaïkovskien du ballet russe que Kabalevsky, s'éloignant parfois considéralement de son modèle, a exploité dans le sens du mélodisme simple, sans dériver vers le simplicisme et la facilité (ou rarement). Dans le sens également de la rutilance orchestrale en évitant les effets trop faciles de fanfare ou plutôt en les transcendant. Dans le sens surtout d'un approfondissement de l'expressionisme qui s'exprime parfois avec une intensité bouleversante (comme dans la Pantomine des Comédiens ou The people calamity de Colas Breugnon ou encore Romeo et juliette, 9e partie de Roméo et Juliette. En revanche, la Tarantella apparaît plus proche du modèle tchaïkovskien. Kabalevsky: certainement un des rares à concilier les outrances cuivrées du 20e siècle avec la profondeur sans verser dans la laideur moderne. Et la dimension rhapsodique du compositeur apparaît encore plus nettement dans ces pages emplies d'une verve inépuisable. Kabalevski quelque part écartelé entre Tchaïkovski, le Groupe des Six et Rimski dans ses 2 dernières symphonies 3 et 4. Mais surtout Kabalevski s’éloignant de plus en plus de Rimski et adoptant des tours modernes qui me paraissent déprécier fâcheusement ces œuvres, notamment l’emploi vulgaire des inévitables roulements de tambours. Une orchestration visiblement peu soignée, aux antipodes même de la distinction et de la recherche subtile de Rimski, et parfois même plus proche de Chostakovitch. À l’actif tout de même de Kabalevski les longues périodes mélodiques - l’héritage de Tchaïkovski justement - et aussi sa puissance lyrique indéniable. Et aussi le plus important, c’est - pour moi - l’évidence du génie chez Kabalevski. Un génie qui me semble ici pollué - le mot ne me paraît pas trop fort - par un modernisme instrumental qui lui est en contradiction. Pour obtenir un résultat à la hauteur de l'inspiration réelle contenu dans ces pages, je pense qu'il faudrait tout simplement les réécrire en assainissant l'instrumentation. Deux autres aspects restent à évaluer dans ces symphonies par rapport aux deux premières. Tout d’abord, le rhapsodisme qui devient ici plus discret - sans pourtant disparaître. Un aspect fondamental dont se prive néanmoins en partie Kabalevski. Et parallèlement, la composition me paraît moins pugnace, mains affirmative dans cette dimension que constitue l’expressionnisme russe et dont Kabalevski est pourtant par ailleurs le principal promoteur avec Khatchaturian. Une dimension qui n'est pas absente, mais dont la présence est plus limitée que dans la 2e symphonie. Donc, je dirais que ces symphonies 3 et 4 sont plus modernistes et moins novatrices. En ce 20e siècle, modernisme et novation sont souvent des particularités contradictoires. Souvent, un compositeur, pour masquer son absence de novation, voire son absence d’inspiration, a recours au modernisme. Dans le cas de Kabalevski, je pense plutôt qu'il s'est laissé entraîné dans des débordements propres à son époque dont il aurait pu très bien réaliser l'économie. Après ce mouvement d'humeur, je voudrais tout de même saluer dans ces symphonies l'inventivité permanente du maître, son authenticité, sa capacité parfois – comme chez Tchaïkovski – à transcender magiquement le mauvais goût. Signalons un passage bien caractéristique de l'esprit symphonique de ces œuvres: la fin du 2ème mouvement de la Symphonie n°4: on ne peut imaginer d'orchestration en même temps plus brute, plus puissante, plus intentionnellement primitive, ici au sens positif du terme. En négatif, je pense qu'il faut mentionner le 2e mouvement - très long - de la Symphonie n°3 (en 2 mouvements) consitué en grande partie par les chœurs, partie à mon avis d'intérêt limité. Pour conclure sur la série des 4 symphonies de Kabalevski, je dirais que, si l'audition de l'intégrale s'impose, la Symphonie n°2 en constitue certainement l'apogée incontournable. L'on ne saurait oublier d'autre part les autres œuvres symphoniques de Kabalevski (suite tirée d'opéra, suite symphonique, musique de scène, poème symphonique...) notamment Colas Breugnon, Roméo et Juliette, les Comédiens... à mon avis chefs-d'œuvre de premier plan.

Symphonie n°2    (***/***/****/****)

Cette symphonie, une des plus belles à mon avis parmi les œuvres du vingtième siècle, est caractéristique du style fortement classicisant de Kabalevski, mais aussi du nouveau style expressionniste russe qu'il a contribué à imposer avec Rachmaninov, Khatchaturian, Christoff, Novak, Constantinescu, Galynine, Taktakichvili... Dans les trois premiers mouvements, le compositeur a intégré des influences aussi contradictoires que celles de Tchaïkovski d'une part, Rimski et Stravinski d'autre part. L'influence du Groupe des Six apparaît très peu, contrairement à ce qu'il en est dans Le printemps ou l'Ouverture pathétique. Par ses sonorités sourdes, étouffées, ses stridences, le mouvement évoque plus particulièrement la Pathétique de Tchaïkovski avec cependant une rutilance orchestrale plus prononcée. Kabalevski réalise à mon avis une utilisation magistrale de tout le spectre instrumental. Le second mouvement, plus mélodique, crée une atmosphère désolée où règne une angoisse pesante. On remarquera une reprise à mon avis sublime du thème principal aux cordes sur un ostinato de trompette. Le troisième mouvement, plus rimskien, très dense, révèle, me semble-t-il, une science inégalée des sonorités. Les registres instrumentaux s'alternent avec une grande virtuosité. L'on y retrouve, omniprésentes, les sonorités déliquescentes du Tchaïkovski de Fatum et du Voïevode ainsi qu'un thème plus rythmé évoquant la Fête de la semaine grasse de Pétrouchka (Stravinski). C'est dans le quatrième mouvement que se révèle à mon avis le génie de Kabalevski dans toute son originalité. Le long thème développé aux cordes qui semble nous introduire dans l'antichambre de la mort est émouvant jusqu'aux larmes. Sur le plan thématique, la symphonie est traversée par un rhapsodisme puissant. On pourrait dire que toute la musique russe se trouve condensée dans cette œuvre magnifique.

Ouverture pathétique    (*)

Le printemps    (*)

Colas Breugnon 1938   

Ouverture (***)

The people'feast (**)

The people'calamity (***)

The people'insurrection (***)

The Comedians 1940   

Prologue (***)

Galop (***)

March (***)

Walz (***)

Pantomine (***)

Intermezzo (***)

Little lyrical scene (**)

Gavotte (***)

Sherzo (***)

Epilogue (***)

Romeo and Juliet 1956   

Introduction (**)

Morning in Verona (*)

Preparation for the ball (-)

Procession of the guests (***)

Quick dance (**)

Lyrical dance (***)

In the cell of Friar Laurence (***)

Tarantella (***)

Romeo and Juliet (***)

Death and reconciliation (**)

Symphonie n°1 1932    (**/***)

Pas l’envergure de cette symphonie exceptionnelle que fut la 2ème symphonie - à mon avis. Néanmoins, malgré ses limitations - un traitement spartiate - voire rudimentaire - de l'orchestration, les effets simplificateurs parfois trop évidents du Groupe des Six... la marque expressionniste russe et la spécificité profondément kabalevskienne affleurent. En particulier, l’introduction lente dans le grave du 1er mouvement et le crescendo qui suit: un crescendo massif, aux sonorités sourdes, au développement complexe. En comparaison, il est surprenant de constater que la 2 apparaît plus tchaïkovskienne, plus rimskienne et surtout plus russe et plus expressionniste que la 1. Plus novatrice aussi. C'est en revenant à la tradition rhapsodique que Kabalevsky a rejoint la modernité, une modernité originale, efficiente, sans rapport avec les divagations des atonalistes et pseudo-atonalistes de l’époque. Dommage que cette première symphonie s’enlise parfois dans des développements un peu hasardeux. Mais quelle substance.

Symphonie 4 1955    (***/***/***/***) icone

Symphonie 3 1934    (***/*) icone

PIANO

Sonate n°3 op 46    (**/**/**)

PIANO ORCHESTRE

Concerto n°2    (*/*/*)

Le Concerto n°2 fait apparaître les mêmes caractéristiques que son successeur: motifs mélodiques en forme de ritournelle, mélodisme franc, rythmes marqués, dynamisme parfois agressif à l'image du Groupe des Six. La thématique cependant reste à mon avis d'un intérêt assez limité. Ce qui me paraît curieux, c'est que Kabalevski ait trouvé ici son style symphonique propre, mais sans l'intérêt thématique qui apparaîtra, me semble-t-il, dans le Concerto n°3. A l'instar de ce dernier concerto, l'œuvre présente une cadence centrale d'une certaine virtuosité.

Concerto n°3    (***/***/***)

Par son pianisme et même son orchestration, cette œuvre apparaît marquée par le style tchaïkovskien, secondairement modifié dans le sens de l'exubérance à la manière du Groupe des Six. En définitive, c'est le mélodisme qui domine, souvent en thèmes courts prenant une forme de ritournelle. Kabalevski atteint cependant à mon avis un haut niveau d'expressivité. La touche expressionniste russe paraît moins affirmée dans cette œuvre que dans les autres œuvres du maître, comme le Concerto pour violon et surtout la Symphonie n°2.

Concerto n°4    (-/-/-)

Beaucoup plus fruste et succinct m'apparaît ce concerto par rapport aux précédents. Kabalevski, me semble-t-il, recourt aux formules de facilité parfois inélégantes, le tout selon une thématique qui me paraît sans intérêt.

VIOLON ORCHESTRE

Concerto    (***/****/***)

Ce court concerto illustre à mon avis magnifiquement l'alliance du style issu du Groupe des Six et de l'expressionnisme russe. L'orchestration me paraît riche, colorée, rythmée, usant de motifs simples, très ramassés et particulièrement efficaces. Le soliste, très volubile, déploie la même verve malgré une orchestration qui le supplante souvent. Le premier mouvement, dont le thème principal est en forme de ritournelle, à mon avis très belle, est écrit dans l'esprit d'un troisième mouvement. C'est dans le second mouvement que s'affirme, me semble-t-il, toute l'intensité de l'expressionnisme russe. La sublime mélodie du violon oscille entre un frémissement passionné et une sérénité détendue. L'orchestre, par ses interventions, appuie encor le pathétisme de ce mouvement, peut-être un des plus inspirés de toute la musique. Le dernier mouvement comporte une cadence terminale qui me paraît également d'une rare beauté.

VIOLONCELLE ORCHESTRE

Concerto n°2    (-/-/-)

Ce long concerto est dominé par un soliste très virtuose s'exprimant souvent à nu. L'orchestre au contraire demeure très diffus et figé. La thématique à mon avis limite malheureusement cette œuvre où se reconnaît pourtant le style expressionniste russe.

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