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LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES


- : peu intéressant

* : assez bon

** : bon

*** : excellent

**** : exceptionnel


Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :

Concerto (*/*/-/*)

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PEROSI Lorenzo (1872-1956)


PIANO ORCHESTRE

Concerto in la minore 1916  icone   (***/**/*) icone

Il est difficile de situer stylistiquement le Concerto de Perosi dans un quelconque contexte musical historique. Sans doute représentatif d'un certain retour à un mélodisme timide débarrassé d'effets trop contrastés, ce concerto rejoint ceux de Massenet (1902), de Cras (1881) d'Albeniz (1887), d'Elmas (concerto 3 de 1900), de Widor (1876), la Fantaisie de Fauré (1918). Mais, refusant l"hypercomplexité virtuose ou la recherche de volupté caractérisant plus ou moins ces œuvres, Perosi s'engage beaucoup plus loin dans ce qu'il faudrait nommer un certain minimalisme, notamment par une orchestration extrêmement dépouillée, excluant quasiment les cuivres. Il ne subsiste que quelques motifs exprimés par les bois et des pizzicatis de cordes que semble affectionner le compositeur. Minimalisme paradoxal car l'on y ressent nullement une volonté d'appauvrissement du matériau musical, aucun refus du lyrisme. Celui-ci s'exprime d'une manière très douce par des crescendos appuyés par les timbales. Perosi nous procure l'impression de virtuosité sans virtuosité. Son lyrisme est volontairement tempéré, sinon aseptisé, purifié. Il recourt également à la lenteur (pseudo-wagnérienne) et au pianissimo. Son retour au mélodisme simple est sans rapport avec celui, violent et contrasté, du Groupe des Six. Il en même l'inverse. Dans l'esprit, je rapprocherais assez ce minimalisme de celui de Jan Leontsky - du moins dans certaines de ses pièces pour piano solo. Un jeu subtil que l'on pourrait nommer (en paraphrasant Jankélévitch) la "musique du presque rien" et qu'on pourrait interpréter peut-être comme un ultime prolongement du post-impressionnisme finissant et une contestation du modernisme violent. De ce point de vue, ce mélodisme timide de Perosi est certainement le désaveu le plus cinglant à l'égard du modernisme arrogant et tapageur, beaucoup plus que le mélodisme du Groupe des Sept, lui-même parfois tonitruant et même grossier, et qui donc procède de la même logique moderniste. De fait, le Groupe des Sept manifeste surtout une contestation des hypersubtilités du post-impressionnisme finissant. De ce concerto de Perosi, on retiendra surtout le premier mouvement, et il n'est pas étonnant que le dernier mouvement, dans ce style assez opposé à l'essence du genre, soit un relatif échec. Dans le 2ème mouvement, à mon avis moins riche thématiquement que le premier, on remarquera cependant les motifs très bienvenus à l'alto. En définitif, si le 1er mouvement de ce concerto s'impose, il ne me paraît tout de même pas exceptionnel, et les autres mouvements me paraissent thématiquement insuffisants. Je ne suis pas sûr que ce style puisse atteindre le niveau musical des œuvres de haute virtuosité, du moins dans le genre concertant.

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