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LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES


- : peu intéressant

* : assez bon

** : bon

*** : excellent

**** : exceptionnel


Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :

Concerto (*/*/-/*)

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PROKOFIEV Serguéi (1891-1953)


DUO FLÛTE PIANO

Sonate 1943    (*/-/-/-)

Œuvre très tonale au mélodisme simple rappelant quelque peu Pierre et le loup. Seul le thème principaldu premier mouvement me paraît digne d'intérêt.

ORCHESTRE

J’avoue avoir abordé l’audition des symphonies de Prokofiev sans l’espoir d’y trouver des œuvres qui puissent m’émouvoir. Mais ce dernier terme peut-il s’appliquer à la musique de ce compositeur? Et par ailleurs peut-on imaginer Prokofiev écrire de la musique russe? C’est la question que je me suis posée. C’est comme imaginer Bach écrire une danse cosaque ou une malaguena. Sans doute Prokofiev est-il né par erreur en Russie. Mais où aurait-il dû naître? Sa musique aseptisée, d’une propreté impeccable, inclinerait plutôt à lui trouver des affinités avec le continent américain. Cela dit, un compositeur russe est-il dans l’obligation d’adopter dans ses compositions une coloration rhapsodique russe? Mais la musique de Prokofiev m’est souvent apparue sans épaisseur, aimable parfois, comme dans le 3ème mouvement de la Symphonie n°4, et osons le terme, souvent superficielle, Ni chaleureuse, ni lyrique, ni rutilante, mais pourtant jamais stridente, ni provocante, ni grossière, ni rébarbative, ni intellectuelle. Une symphonie de Prokofiev est une sorte de pirouette musicale, plus mélodique finalement que moderne, vivante, animée, cependant dépourvue de la moindre affectivité. Mais peut-être ai-je le tort de vouloir y trouver une profondeur qu’il n’y a pas lieu de chercher. Prokofiev, l’anti-Tchaikivski, l’anti-Rimski, l’anti-Kabalevski, l’anti-Khatchaturian... Où le coeur n’est pas, il ne saurait y avoir musique, écrivait un certain compositeur russe très connu - cité plus haut. Heureusement, la Symphonie n°4 permet de saisir le versant positif de Prokofiev, son sens de l’effet, du contraste, sa légèreté, sa vivacité. Le 1er mouvement de cette symphonie présente des thèmes bienvenus, contrastés, utilisant bien l’alternance de la flûte en solo et de l’orchestre. La fin du mouvement affirme des effets puissants, originaux sur le plan instrumental. La coda est vraiment explosive. Le 3e mouvement mêle flûte, clarinette en petits soli de motifs très enlevés. Le dernier mouvement exploite surtout les contrastes rythmiques et les effets de couleur instrumentale. La fin du mouvement impose un motif haché décliné par tout le spectre instrumental, lequel se termine par une explosion orchestrale conclusive. Donc, il faut en convenir, une bonne symphonie et un 1er mouvement excellent. Beaucoup moi réussie à mon avis, la Symphonie n°3 témoigne néanmoins, dans son 1er mouvement d’une recherche d’effets pittoresques, mélodiques et rythmiques. Prokofiev est sans doute le compositeur moderne le plus délicieusement rétrograde et provocateur, ce qu’illustrent admirablement ses symphonies 5, 6, 7. Sur le plan formel, la texture musicale est un curieux mélange d’ostinati rythmique et de mélodie classique. Je qualifierais cette musique de bizarre, curieuse. Elle pourrait manifester parfois une volonté manifeste de briser le lyrisme naturel de la musique, et parfois à l’inverse elle s’adonne à une certaine joliesse, un certain charme mélodique et rythmique et à un colorisme parfois très spécifique, étonnant. Ce refus d’abandon au lyrisme naturel de la musique ou bien ce désir de le contrôler apparaît comme le résultat d’une distanciation, mais n’est-ce pas le propre de l’artiste?. On a parfois l’impression (vraie ou fausse) d’un simulacre de mélodie et d’un simulacre de lyrisme, mais pourtant efficient. Le discours musical de Prokofiev dans ses symphonies affirme toujours une très grande clarté, une très grande légèreté. Une alliance particulière du modernisme et du mélodisme en dépit de leur incompatibilité. En cela, il rejoint la réaction du Groupe des Six contre les hypersubtilités harmoniques où s’enlisait le post-impressionnisme, mais en évitant le simplicisme mélodique, voire la vulgarité vers lesquelles tend parfois ce groupe. Le dernier mouvement de la Symphonie 6 est bien caractéristique dy style prokofévien: une mélodie presque triviale est utilisée, mais magnifiée par les effets de timbre où le compositeur excelle. Modernisme paradoxal de Prokofiev rejoigrant l’ultraclassicisme sans aucun complexe. On retiendra également le 3ème mouvement de la symphonie n°6, sans doute le plus réussi, le plus aérien.

Symphonie n°1    (-/-/-/-)

Symphonie n°2    (-/-)

La comparaison de ces 2 symphonies est toutefois bien significative du compositeur. Autant la première est limpide, excessivement limpide, légère sinon enjouée, - quoique dépourvue de tout sentiment - autant la seconde, naviguant entre le tonal et le pseudo tonal (à moins que ce soit le pseudo-atonal) est insipide à mon sens, dépourvue de toute vie. J'irai sans scrupule jusqu'à déclarer cette œuvre dépourvue de tout sentiment musical. Prokofiev est-il condamné à évoluer perpétuellement entre l'anecdotique et l'inaudible? Prokofiev, une mécanique bien huilée, imperturbable. Est-il un cœur, sinon d'acier, chez ce compositeur? Qu'aurait pensé Tchaïkovsky, découvrant ces épanchements sonores inhumains?

Symphonie 3 1928    (*/-/-/*) icone

Symphonie 4 1930    (***/-/**/**) icone

Symphonie 5 1944    (-/***/*/**) icone

Symphonie 6 1945    (**/*/***) icone

Symphonie 7 1951    (**/**/-/***) icone

Symphonic suite op 60 lieutenant Kijé 1933  icone   (**/***/***/***/***) icone

On peut dire que Prokofiev n’a vraiment aucun complexe d’étaler ainsi un pseudo-classicisme aussi désuet à base de ritournelles mélodiques.. À moins que l’on doive considérer cette œuvre au second, voire au troisième degré. À moins aussi que le caractère burlesque du sujet littéraire illustré ne serve de prétexte commode à cette pirouette musicale. On peut y voir aussi dans la surenchère cuivrique confiée au registre mélodique une discrète parodie de la musique militaire. Chez Prokofiev, tout est dans le vernis qui semble constituer son horizon musical. Prokofiev nous montre-t-il avec Lieutenant Kijé son vrai visage? Tombe-t-il le masque du modernisme pour s’adonner à un conformisme banal? S’agit-il d’une provocation à rebours? Mais une provocation dans l’ensemble réussie, nous semble-t-il -non pas en tant que provocation, mais plutôt en tant que musique pure, originale. Prokofiev, c’est le superficialisme musical érigé en esthétique. Si certains thèmes de Lieutenant Kijé apparaissent réellement compassés (à mon goût personnel), d’autres sont étonnants de légèreté, bien sentis, très enlevés, originaux. Le compositeur s’offre même le recours au rhapsodisme. Et dans l’utilisation de ces thèmes rhapsodiques pourtant si communs - quoiqu’on ne sache pas vraiment si ce rhapsodisme est du premier ou du second degré, Prokofiev n’exprime-t-il pas une profondeur et une émotion insoupçonnée? qui l’eût cru? pOURTANT, Bien dans l’esprit de l’œuvre, l’enterrement du lieutenant Kijé semble presqu’aussi enjoué que son mariage, aussi dépourvu de pathétisme. Mais il est vrai que l’histoire de ce soldat fictif n’est qu’une immense farce. En définitive, Prokofiev se révèle un artiste exquis qui n’a rien à nous dire, mais qui nous le dit d’une manière si subtile et si originale.

PIANO

Visions fugitives 1915    (-)

PIANO ORCHESTRE

Les concertos de Prokofiev sont presque tous écrit à mon avis dans le même style monocorde. Le Concerto n°1, plus classique, se caractérise peut-être par une thématique également plus dense. Le Concerto n°3 est sans doute le plus lyrique, il se signale à mon avis par sa coda d'une certaine densité.

Concerto n°1    (-)

Concerto n°2    (-/-/-)

Concerto n°3    (**/*/*)

Concerto n°4 MAIN GAUCHE ORCHESTRE    (-/*/*)

Concerto n°5    (*)

VIOLON ORCHESTRE

Les deux concertos de Prokofiev, en particulier le premier, présentent paradoxalement quelques particularités rappelant le style russe expressionniste, notamment le Concerto de Glazounov et celui de Taktakichvili. Pour autant à mon avis, il ne contient aucune parcelle de thématique marquante, encore moins de pathétisme. Ces œuvres, si on peut parler d'œuvres, m'apparaissent comme de véritables supercheries, des successions de notes sans âme, des pastiches douteux mimant grotesquement des œuvres musicales.

Concerto n°1 op 19    (-/-/-)

Concerto n°2 op 63    (-/-/-)



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