SOMMAIRE


LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES


- : peu intéressant

* : assez bon

** : bon

*** : excellent

**** : exceptionnel


Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :

Concerto (*/*/-/*)

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RESPIGHI Ottorino (1879-1936)


ORCHESTRE

La rutilance de l'orchestration de Respighi, bien que très cuivrée, ne me paraît jamais agressive. L'on y retrouve à mon avis aucune trace du dynamisme un peu primaire du Groupe des Six. En revanche, son colorisme demeure peut-être assez limité si on le compare à celui de son maître Rimski dont il ne semble guère avoir retenu les leçons. C'est ce qui apparaît dans Les pins de Rome, Fêtes romaines... En revanche, les Suites, à mon sens ultrasimplistes, volontairement archaïques, me paraissent d'un intérêt extrêmement restreint. L'argument du style médiéval-renaissant présenté par le compositeur, ne me paraît pas suffisant à parer ces pages à mon avis inconsistances d'un quelconque charme désuet. A peine le 3ème mouvement de la Suite n°1, très mélodique présente-t-il un passage légèrement plus pénétrant. Quant au 2ème mouvement de la Suite n°2, il se caractérise par une coloration légèrement russe - qui pourrait être un souvenir de Rimsky-Korsakov... Rien, même dans ces mouvements, ne me paraît hausser ces œuvres au-dessus d'un divertissement musical, une pièce de genre assez peu divertissant à mon gôut, d'une désolante platitude.

Les pins de Rome    (*)

Malgré les passages de fanfares, l'œuvre comporte de nombreuses périodes statiques. On remarquera les chants d'oiseaux qui s'intègrent parfaitement à la composition.

Fêtes romaines    (-)

L'orchestration apparaît plus éclatante et plus somptueuse que dans Pins de Rome On remarquera un passage à la mandoline dans Fête d'octobre.

Suite n°1    (-/-/*/-)

Suite n°2    (-/-/-/-)

Suite n°3    (-/-/-/-)

Suite n°4    (-/-/-/-)

Trittico Botticelliano P151 icone   (**/*/*) icone

Ce triptyque, d'inspiration très relative à mon sens, représente surtout une œuvre de démonstration rhétorique. Le compositeur témoigne de différents styles dont il a pu subir l'influence, sans cependant les valoriser. Le premier tableau: la Primavera, dans l'introduction extrême-aigu aux violons et à la flûte pourrait rappeler certains effets vivaldiens. Le second mouvements: L’adorazione dei Magi semble porter la marque de Rimski par son atmosphère orientale. L'on y retrouve quelque peu des réminiscences de Schéhérazade dan la mélodie chromatique à la flûte et au violon. La 3ème partie: La nascita di Venere se rapprocherait plutôt, par le traitement chromatique de la flûte, de Debussy dans le Prélude à l'après-midi d'un faune. Cette partie se termine par un crescendo assez peu lyrique, mais bien construit instrumentalement. Au final, une œuvre qui ne peut guère émouvoir, mais pourrait satisfaire à la rigueur des esthètes purs. C'est certainement la première partie qui comporte les passages les plus intéressants.

PIANO

Notturno 3 1904  icone   (**) icone

Écrite dans l'esprit spécifique d'un Nocturne d'une manière particulièrement achevée -avec quelques réminiscences de Chopin -cette œuvre vaut sans doute par ses subtilités harmoniques. Sa matière thématique ne me paraît cependant pas suffisante pour la hausser au niveau de l'excellence.

PIANO ORCHESTRE

Rien ne peut ressembler moins à une œuvre d'un compositeur qu'une autre œuvre de ce compositeur. Surtout si les deux œuvres concernent deux genres instrumentaux différents. Rien dans Fontaines de Rome et autres Pins de Rome - œuvres symphoniques à mon sens relativement ternes et d'une originalité problématique - qui préfigure la recherche d'hypervirtuosité caractérisant les œuvres concertantes pour piano de Respighi. Virtuosité galvanisée, froide, pourrait-on dire. On est très loin de la virtuosité flamboyante et chaleureuse d'un Scharwenka ou d'un Tchaïkovsky, de la virtuosité ostensible et foudroyante d'un Liszt, loin de la virutosité souple, féline d'un Kullak ou d'un Herz, et même loin de la virtuosité mystérieuse, intériorisée d'un Novak. Une virtuosité bizarre, celle de Respighi, intériorisée elle aussi, mais qui n'exprime pas ce magnétisme magique chez Novak. Une virtuosité qui n'est pas un épanchement lyrique et dont on ne peut vraiment comprendre l'expression et la motivation. Un orchestre, de même, dont l'élaboration - incontestable - exclut toute couleur trop affirmée, toute rutilance trop voyante. J'ai toujours été étonné que Respighi ait choisi comme maître Rimski-Kosrsakov, si éloigné de lui, si opposé à son tempérament. La Toccata, dont le style rappelle la virtuosité propre à l'époque baroque, convient bien au style de Respighi, malgré, malheureusement, de longs temps morts dans la partie médiane de l'eouvre. En revanche, que penser de cette Fantasia slava? Œuvre excellente sans doute, mais peut-on écrire de la musique russe de manière aussi objective? De la fausse musique russe, d'une parfaite inauthenticité, mais réussie pourtant. Un autre rappel de Rimski qui pourrait être un désaveu plus qu'une adhésion. Ces œuvres de Respighi, par leur esprit, me rappellent un peu le Festin de l'araignée d'Albert Roussel. Une esthétique qui procède de la musique moderne, en ce sens qu'elle nie tout sentiment romantique et réduit l'expressivité à un contenu aseptisé. Je suis plus admiratif qu'enthousiaste, mais je ne peux cacher que j'ai tout de même écouté de très nombreuses fois cette Fantasia slava comme le Concerto. Alors, des œuvres que je conseille sans restriction. Elles exercent sans doute la fascination des cristaux glacés du givre et de la neige sur les hautes cimes désolées.

Concerto in A minor 1902    (***)

Toccata 1928    (**)

Fantasia slava 1903    (***)

Concerto in modo misolidio 1925    (-/-/-) icone

En écoutant le concerto in modo misolidio de Respighi, je me suis demandé si mon habitude de me rabattre toujours sur les compositeurs chez lesquels j’avais antérieurement trouvé des oeuvres d’un intérêt majeur était justifiée. On pourrait défendre l’idée inverse. Si tel compositeur a réussi à s’exprimer admirablement dans une oeuvre, il est probable qu’il n’a plus rien à dire et donc il est préférable de ne pas rechercher systématiquement les autres oeuvres qu’il a pu commettre. Plutôt, il convient de s’intéresser aux compositeurs qu’on ne connaît pas encore. Les deux attitudes peuvent se concevoir. Pour revenir à Resighi, autant son Concerto in A minor, sa Fantasia slava m’ont paru des oeuvres éblouissantes, autant ce concerto in modo rmisolidio me paraît amorphe, morne, dépourvue de la moindre sève, apathique, pour tout dire inexistant. Un piano qui se traîne comme s’il s’épanchait en marge de l’oeuvre elle-même. Évoluant toujours dans le grave, hors quelques fusées sporadiques et quelques pirouettes insignifiantes en fin de mouvement généralement, ce soliste semble refuser la place qui devrait être la sienne dans une oeuvre concertante. Et ce n’est pas l’orchestre qui comble ce vide, lequel, englué dans une trame inconsistante malgré parfois quelques péroraisons cuivrées, se situe lui aussi en marge de l’oeuvre. Une curieuse conception de non-présence, d’évitement où la musique s’annihile dans l’inexistence. Le dernier mouvement, plus rythmé, ne permet guère d’émerger de cette torpeur maladive. On ne perdra donc rien, me semble-t-il, à ne pas visiter cette oeuvre.

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