SOMMAIRE


LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES


- : peu intéressant

* : assez bon

** : bon

*** : excellent

**** : exceptionnel


Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :

Concerto (*/*/-/*)

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RIMSKI-KORSAKOV Nicolaï (1848-1908)


ORCHESTRE

Véritable magicien de l'orchestre, Rimski a dépassé, me semble-t-il, dans le genre symphonique tout ce que l'on peut imaginer. Contrairement à Beethoven ou à Berlioz, il n'utilise pas sa science des sonorités pour exprimer sa révolte, sa passion, ses espoirs, mais pour créer un univers de beauté qui vaut pour lui-même, un kaléidoscope de merveilles devant lesquelles on reste ébloui. L'artiste s'efface devant son œuvre. Si Schéhérazade est sans doute sa réussite la plus éclatante, Skasska, Tsar Saltan nous introduisent plus loin encore peut-être dans les possibilités les plus secrètes, les plus inconcevables de la féerie orchestrale. Ce que nous évoque Rimski, c'est un véritable monde musical indicible. Son colorisme, sa rutilance ne sont jamais à mon sens des accessoires gratuits, ils sont générateurs d'émotions supérieures, créateurs d'une poésie subtile où les sons rejoignent le monde immatériel de la pensée. Sur le plan stylistique, on doit signaler en premier lieu la présence ubiquiste de Berlioz, par exemple dans l'utilisation de la harpe qu'il amplifie encore, l'exploitation des sonorités diaboliques issues du Songe d'une nuit de Sabbat. Rimski ne néglige pas, toujours dans la lignée de Berlioz, les effets de fanfares, l'exploitation des cuivres dans toutes les nuances depuis le pianissimo jusqu'au forte, dépassant à mon avis les exploits de Bruckner, dans la Symphonie n°4 Romantishe. A ce déploiement orchestral, Rimski ajoute les effets wagnériens qu'il amplifie également et développe dans le sens d'un impressionnisme original: par exemple le fondu orchestral à mon avis prodigieux de La tsarine au milieu des flots dans la suite Tsar Saltan, peut-être une des plus belles pages de l'histoire de la musique. Rimski me paraît un des rares compositeurs a avoir réussi la synthèse entre ces deux esthétiques opposées que sont celles de Berlioz et de Wagner.

Sintonietta sur des thèmes russes 1884    (-/-/-)

Œuvre de musique facile à mon avis, peu lyrique, très mélodique, sur un rythme tranquille, peu comparable à la production générale du maître.

Symphonie n°3 1872    (*/**/**/*)

Cette symphonie témoigne d'une orchestration relativement traditionnelle par rapport aux poèmes symphoniques. Sans être dénués d'intérêt, sans être jamais monotones, à mon avis, les thèmes ne montrent aucune hardiesse, aucun contraste excessif. Est-ce la forme de la symphonie qui a poussé le compositeur à éviter tout effet trop original?

Le coq d'or    (**/***/***)

Nous retrouvons dans cette œuvre les hardiesses symphoniques de Tsar Saltan, même si elles ne parviennent pas toujours à mon avis au même degré de puissance. Le début de chaque mouvement nous plonge dans cette atmosphère si envoûtante de la Tsarine au milieu des flots dont il n'y a peut-être aucun équivalent dans la musique symphonique. Le second mouvement présente un thème lent, voluptueux, rappelant quelque peu le thème de Schéhérazade. Rimski sait alterner magnifiquement à mon avis les passages langoureux, d'une remarquable souplesse et les passages apocalyptiques, d'une puissance de contraste inégalable.

Sadko    (**)

Grande paques russe    (**)

Cette œuvre pâtit, me semble-t-il, d'une relative pauvreté thématique, même si l'orchestration réalise une exploitation extraordinaire du thème principal. Celui-ci apparaît à mon goût trop répétitif, notamment à la fin de l'œuvre.

Capriccio espagnol    (***)

Sans aucun complexe, Rimski réalise une utilisation très libre de la musique espagnole qu'il n'hésite à transformer en y important des effets propres à la musique russe. Le traitement symphonique concourt plus encore que la thématique à cette transformation.

Skasska    (***)

Tsar saltan    (**/****/****)

Mlada 1889    (-)

Cette œuvre très sommaire à mon avis se présente comme une succession de courtes sections. La première débute par un solo de flûte. La dernière fait intervenir à plusieurs reprise une fanfare qui me paraît un peu banale. Les autres sont constituées d'un tutti orchestral uniforme. Il semble que Rimski s'abandonne ici à un style de musique facile indigne de son art.

Kiteje    (-)

The mad of Pskov Ouverture    (***)

The tsar's bride Ouverture    (***)

Shéhérazade    (***/****/****/****)

C'est sans doute la création qui illustre le mieux la puissance des effets symphoniques à leur degré le plus élevé. Rimski applique la leçon berliozienne en y additionnant ses effets propres: le colorisme et la thématique particulière de la musique russe. Le premier mouvement, exploitant la puissance de la masse sonore, porte plutôt la marque wagnérienne. C'est dans le second mouvement qu'apparaît la résultante de la fusion entre les effets berlioziens et les effets wagnériens. Le troisième mouvement me paraît une extraordinaire variation sur le thème de la princesse, thème d'une rare sérénité, d'une rare élévation. C'est dans le dernier mouvement qu'éclate toute la magie symphonique rimskienne jusqu'à des sommets à mon avis inouïs, déploiement orchestral qui contraste avec le leitmotiv: un motif du violon en rosalie sur plusieurs octaves du grave à l'aigu.

Antar Symphony 2 1868  icone   (**/*/*/**) icone

J'ai longtemps hésité avant d'indiquer Antar parmi les œuvres évaluées de Rimski_Korsakov. Pour cause, on est vraiment très loin des chefs-d'œuvre composés par cet incomparable symphoniste. Antar, un pâle reflet de Shéhérazade. Le seul intérêt du mélomane est à mon avis dans cette œuvre d'y retrouver en pointillé ce chef-d'œuvre absolu, s'il en est. Certes, un très bon thème principal, très rhapsodique parcourt le poème symphonique du début à la fin, mais l'ensemble reste pour moi de la rhétorique musicale fade. Il y manque l'influx, cette influence inexplicable qu'apporte l'inspiration à une œuvre musicale. Antar, tant de fois révisé (défiguré?) par le compositeur, est peut-être une œuvre trop millimétrée, trop épurée, dont on pourrait dire paradoxalement qu'elle est trop parfaite.

PIANO ORCHESTRE

Concerto 1882    (***/***/***)

Ce concerto, d'un extraordinaire lyrisme à mon avis, est écrit dans un caractère très rhapsodique, aussi bien du point de vue tonal qu'instrumental. L'orchestration me paraît particulièrement originale et éblouissante. La partie pianistique conserve cependant la prééminence, particulièrement en ce qui concerne le brillant et la beauté des thèmes, me semble-t-il. L'œuvre, très courte malheureusement, se compose de trois mouvements enchaînés. Le premier mouvement utilise un motif dérivé du thème principal de Schéhérazade. Dans le troisième mouvement, le piano à mon avis demeure quelque peu noyé dans une masse orchestrale particulièrement rutilante.

Fantaisie op 33 1887    (**)

L'ouverture, d'un style très lyrique, impose un thème lent remarquable à mon avis, mais la suite perd de l'intérêt jusqu'à l'exposition d'un thème rhapsodique rythmé. La dernière partie est à mon avis une sublime mélodie accompagnée par des trilles et pizzicati des violons, puis par les autres cordes en trémolo dans le grave. (procédé rappelant le mouvement lent de la Symphonie du Nouveau Monde). Rimski atteint là, me semble-t-il, une expression nostalgique d'une grande intensité. Comme dans Shéhérazade, l'instrument soliste exploite beaucoup plus le pianissimo que l'intensité sonore. L'écriture violonistique reste très legato. L'orchestration est assez légère, plus classique que dans les poèmes symphoniques les plus achevés de Rimski.

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