SOMMAIRE


LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES


- : peu intéressant

* : assez bon

** : bon

*** : excellent

**** : exceptionnel


Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :

Concerto (*/*/-/*)

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RODRIGO Joaquin (1901-1999)


GUITARE ORCHESTRE

Concerto de Aranjuez    (****/****/***)

Unissant classicisme et modernisme, ce concerto constitue sans doute une œuvre maîtresse de la seconde moitié du vingtaine siècle avec le célèbre Adagio de Giazotto (Adagio d'Albinoni), l'Apprenti sorcier de Paul Dukas, la Symphonie n°2 de Kabalevski, les Planètes de Holst... Rodrigo a su marier certains effets évoquant la musique des cours renaissantes avec les possibilités de la musique symphonique moderne. Il procède souvent par de petites touches aux cuivres ou aux bois, sans oublier les cordes. Ainsi, le premier et le troisième mouvement nous présentent une succession étourdissante de motifs très courts exposés aux différents registres de l'orchestre à laquelle le soliste participe. Mais la plus belle partie de l'œuvre est certainement l'admirable second mouvement dans lequel Rodrigo atteint un lyrisme intense et rêveur. La mélodie, superbe à mon avis, est développée successivement au cor anglais puis à la guitare avant d'être reprise magnifiquement par l'ensemble des cordes. La seconde partie expose une cadence solistique atteignant un rare niveau de virtuosité, d'originalité, me semble-t-il, avant la reprise finale par l'orchestre.

Fantaisie pour un gentilhomme    (**/***/**/***)

Sans renouveler la prouesse du Concerto de Aranjuez, Rodrigo, dans cette œuvre, a su, me semble-t-il, maintenir son inspiration à un niveau très élevé. Le thème principal du premier mouvement est dérivé d'une mélodie populaire du XVIIème siècle. Dans l'ensemble, l'œuvre apparaît plus mélodique, moins incisive, plus classique évoquant le style très policé d'une cour aristocratique de la Renaissance. Cette timidité un peu compassée à mon avis rappelle le Fauré de Pélléas et Mélisande, avec cependant un peu plus de couleur. Dans le second mouvement le soliste, assez volubile, intervient souvent en accompagnement de l'orchestre, ce dernier développant comme dans le second mouvement du Concerto de Aranguez d'amples tutti de cordes. Le dernier mouvement dénote une tendance assez nette à la ritournelle galante.

HARPE ORCHESTRE

Concerto-sérénade    (**/***/***)

Toujours fidèle à la même esthétique, Rodrigo propose une succession de courts motifs incisifs, brillants. Le premier mouvement, où intervient notamment la trompette s'oriente manifestement vers une musique de divertissement dans le style galant, un peu limitée, me semble-t-il. Le second mouvement expose au soliste en ouverture une belle mélodie. Le second thème à la flûte après une courte cadence du soliste se développe en s'épanchant à tout l'orchestre selon un magnifique crescendo. Le dernier mouvement est à mon avis un superbe feu d'artifice d'où fusent des motifs pétillants entremêlés de motifs mélodiques développés par le tutti des violons. Le soliste est utilisé, me semble-t-il, au cours de cette œuvre avec beaucoup de verve et de virtuosité, même s'il n'atteint pas l'utilisation qu'en fit Gliere dans son Concerto pour harpe et orchestre.

ORCHESTRE

Soleriana 1953    (*/*/**/***/***/*/*/-)

Si elle se caractérise essentiellement par un style au mélodisme un peu facile - reste sans doute de son origine de ballet et de la volonté de l'auteur d'évoquer le 18e siècle espagnol - cette suite n'en révèle pas moins certaines particularités de la palette orchestrale rodriguienne, très colorée, mais recherchant des effets en demi-teinte, souvent peu contrastés, accusant une certaine timidité. Ainsi apparaît notamment l'utilisation pianissimo de la trompette dans le second thème du Passepied. Si certaines parties semblent dépourvues de tonus, un peu amorphes comme l'Entrada et le Fandando, elles n'en comportent pas moins, comme presque toutes les pièces de cette suite une thématique solide. Du point de vue instrumental, c'est particulièrement l'importance des flûtes qui frappe, notamment dans le Tourbillon. La marque rhapsodique ibérique fait généralement défaut, sauf pour le second thème du Passepied. Certaines pièces apparaissent vaguement empreintes de rhapsodisme slave comme le Tourbillon et le premier thème du Passepied, assez proche d'un motif des Danses slaves de Dvorak.

Zarabanda lejana y Villancico 1926    (-/-)

Ces deux pièces, de style vaguement impressionnistes, n'imposent à mon avis aucun motif caractéristique. la Zarabanda évolue dans un pianissimo continu tandis que le Villancico se caractérise par les sonorités particulières des cordes.

Cinco Piezas infantiles 1924    (***/-/-/-/-)

Le curieux titre d'enfantines ne semble guère évocateur pour ces pièces mystérieuses, pseudo-impressionnistes, exploitant les dissonances parfois aux limites de la tonalité, notamment la Griteria final, assez bruyante à mon goût, et un peu moderniste. La Mazurka, mêlant des dissonances à des motifs hypertonaux, s'apparente plutôt au style des ballets russes. Il faut excepter le très court Son chicos que pasan, carnavalesque, avec ses effets de percussions d'une étonnante originalité, évoquant quelque peu une danse cosaque.

PIANO

Plus que le Concerto de Aranjuez, œuvre concertante de nature discursive, l'art de Rodrigo apparaît impressionniste au plein sens du terme dans ses œuvres pour piano. Le style est fortement influencé par Albeniz et encore plus par Debussy. Rodrigo semble même avoir poussé l'art impressionniste plus loin que Debussy, jusqu'à ses limites ultimes, sans pour cela aboutir à l'imprécision préjudiciable dont pâtissent à mon avis maintes pièces du créateur de Jeux. Il ne me paraît pas exagéré d'affirmer que Rodrigo, s'il est ici peu novateur, atteint parfois un raffinement supérieur à son devancier. Les subtilités harmoniques, témoignent à mon avis d'une recherche très poussée. (Tarde en el parque), de même la déstructuration de la cellule mélodique. Rodrigo multiplie les effets rythmiques (Serenata), effets harmoniques de manière à mon avis assez étonnante, cela sans rompre avec la puissance des thèmes qui manque peut-être dans certaines pièces à Debussy. On a peine à croire que Rodrigo, comme son compatriote Cabezon, fut aveugle dès l'enfance, tant est présente dans son œuvre l'évocation picturale, comme chez Debussy. Ce fait est un argument appuyant l'indépendance de la musique vis-à-vis de tout programme littéraire ou simplement d'allusion évocatrice en dehors du chant sonore.

Cuatro estampas andaluzas 1946   

El vendador de chanquettes (****)

Crepusculo sobre el Guadalquivir (***)

Seguidillas del diablo 1951 (****)

Barquitos de Cadiz (**)

Preludio al Gallo Mananero    (*)

Cuatro piezas para piano 1936   

Caleseras Hommanaje a Chueca (***)

Fandango del ventorillo (**)

Plegeria de la Infanta Castilla (**)

Danza valenciana (**)

Sonatas de Castilla   

ToConcertoata a modo de pregon (**)

Sonata en fa sostenido menor (*)

Sonata en ré (***)

Sonata, como un tiento (**)

Sonata en la (*)

Tres danzas de Espana   

Rustica (-)

Danza de las tres doncellas (*)

Serrana (**)

Zarabanda lejana    (*)

Pastoral    (*)

Bagatela    (***)

Aranjuez, ma pensée transcription    (***)

A l'ombre de Torre Bermaja 1943    (****)

Serenata 1931    (****)

Deux berceuses   

Berceuse de Printemps 1928 (*)

Berceuse d'Automne 1923 (*)

Danza de la Amapola 1972    (**)

Tres evocationes 1980   

Tarde en el parque (****)

Noche junto al Guadalquivir (*)

Manana en Triana (***)

Suite pour piano 1923   

Preludio (***)

Siciliana (*)

Bourrée (-)

Minue (-)

Rigodon (***)

Cinco piezas del siglo XVI   

Diferentias sobre el « Canto del Caballero » (-)

Pavana Allegretto (-)

Pavana Allegro moderato (-)

Pavana Andante (-)

Fantasia que contrahace la harpe de Ludovico (***)

El album de Cecilia para manos pequenas 1948   

Maria de los reyes (-)

A la jota (**)

Cancion del hada rubia (-)

Cancion del hada morena (-)

El negrito pepo (***)

Borroquillos a Belen (*)

Air de ballet sur le nom d'une jeune fille 1930    (*)

Preludio de anoraza 1987    (**)

Sonada de adios 1935    (**)

VIOLON ORCHESTRE

Concerto de estio 1943    (**/***/-)

Cette œuvre, d'un rhapsodisme très atténué, indéterminé, vaguement tzigane ou slavo-ibérique, comporte de nombreux éléments modernistes, malgré son tonalisme très net. Rodrigo semble avoir intégré dans les mouvements rapides la tendance au récitatif amélodique, hors quelques passages bien définis dans le premier mouvement. Il semble qu'on puisse rapprocher cette œuvre des concertos pour violon de Glazounov, Taktakichvili, Chostakovitch (le Concerto n°1) et bien d'autres sans doute. Seul, le magnifique second mouvement, de style nettement plus mélodique, me paraît devoir être retenu dans cette œuvre. Il comporte une mélodie habilement réexposée, variée, puis une longue cadence du soliste, renouant avec la tradition de virtuosité de l'instrument soliste. Cette cadence, n'affirme pas un lyrisme aussi puissant que, celle, impressionnante, du Concerto n°1 de Chostakovitch, mais plutôt un lyrisme tempéré et un grand raffinement. L'originalité symphonique de Rodrigo apparaît moins nette que dans ses autres œuvres pour soliste (guitare, harpe), on la perçoit cependant lors des interventions très feutrées du second mouvement en accompagnement de la mélodie. On admirera également la finale impressionniste du mouvement se dissolvant dans le silence et le mystère par des pizzicatti.

Cançoneta [VIOLON ORCHESTRE A CORDES] 1923    (**)