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CHRONIQUE n° 80 - 09/2007
LA FIN DE LA MUSIQUE?


La musique atonale, semble-t-il, n’est plus entretenue que par quelques marginaux en désarroi, mais ces marginaux ont mobilisé tout l’appareil traditionnel de la société musicale qui les soutient sans réserve. Depuis 80 ans, ne fait-on comme si la musique poursuivait son développement, ne mime-t-on pas une évolution de la musique purement fictive? “Il y a aujourd’hui beaucoup de musique soutenue par des béquilles”, déclarait A. Savinio au début du siècle, béquilles idéologiques et parfois sans doute plus bassement matérialistes. Admettre la faillite de la musique atonale, ce serait entériner la mort de la musique. Cette conséquence pourrait expliquer, sur le plan dialectique, la nécessité de soutenir la musique atonale et de la présenter - artificiellement et fallacieusement - comme si elle était toujours d'actualité et à l'avant-garde malgré ses 80 ans d'âge. Tout mouvement, toute activité, tout art paraît entretenu par la dynamique de son développement. Admettre que la musique est finie serait accepter de la considérer comme une activité muséographique tournée vers le passé, ce qu’aucun musicien, aucun Intellectuel n’est prêt à accepter - c’est pourtant probablement ce qui se passe dans les faits. L’admettre, ce serait également accepter une conception de l’art non évolutive, non progressiste, une conception de l’art a-temporelle qui est peut-être celle de l’art post-moderne, lequel demeure encore éloigné de notre mentalité actuelle. Ce serait, pensons-nous, remettre en cause toute la philosophie occidentale qui a été initiée à partir des Lumières, notamment le principe d’historicité. D’autre part, la musique atonale - que le public juge dans son ensemble insupportable - en s’appuyant sur des principes intellectuels, rejoint dans une certaine mesure la musique polyphonique médiévale établie d’après des principes ésotériques et mystiques où l’expressivité musicale n’intervenait pas. On a refait, semble-t-il, le chemin inverse de C. Monteverdi et R. de Lassus. L’Histoire de la musique classique pourrait être finie, elle aura duré à peine 3 ou 4 siècles et aura concerné une très petite frange d'humains appartenant à la civilisation occidentale, développement infime comparativement à l'étendue temporelle et spatiale des arts plastiques. Mais la fin de l'évolution musicale représente-t-elle la fin de la Musique? N'est-ce pas plutôt la fin d'une certaine conception évolutionniste du phénomène artistique? Cette fin empêche-t-elle les compositeurs de talent, voire de génie, de composer de la bonne musique et les mélomanes de l'apprécier? Sauf que ces compositeurs ne feront jamais partie du panthéon musical pour cause d'incompatibilité idéologique avec la société.


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