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CHRONIQUE 1 - 02/2001
LE VIEUX PLEURNICHARD


Ma manie lexicographique m'a conduit récemment à consulter un dictionnaire des compositeurs qui m'avait jusque là échappé, celui édité par Albin Michel en 1998. Je dois être masochiste car je sais qu'invariablement je découvre dans ces ouvrages de nouvelles marques d'inconsidération envers les maîtres qui me sont chers. En effet, moi qui ne suis pas un mélomane suffisamment averti pour apprécier Bach, je préfère plutôt Piotr Illitch Tchaïkovski, Camille Saint- Saëns, Joaquin Rodrigo, Carl Orf, Nicolo Paganini, Nicolaï Rimski-Korsakov, Edward Grieg, Cécile Chaminade, Jean Sibelius, Antonio Vivaldi, Alfred Lefébure-Wéli, Louis Moreau Gottschalk... musiciens régulièrement ignorés ou décriés par les musicographes pour cause de superficialisme invétéré, de virtuosisme gratuit, de rhapsodisme chronique, ou pire encore, d'académisme rétrograde. Mais pour une fois, une heureuse surprise allait m'attendre:

Les conclusions que l'on peut tirer de la vie et de l'oeuvre du musicien russe P.I. Tchaïkovski sont en contradiction avec les jugements très hâtifs qui sont généralement proférés. La mode avec ses perpétuelles alternatives, ses retournements, ses mots d'ordre, ferme la porte à la prise en considération d'une personnalité attachante par sa complexité.

Il semble que quelques musicographes reconnaissent aujourd'hui le caractère très idéologique du jugement exprimé sur certains compositeurs. Je remarque cependant que Tchaïkovski durant la seconde moitié de notre siècle fut soutenu avec un zèle extraordinaire par tout un peuple qui s'est réuni sous son nom, le considérant comme son émanation la plus profonde. Les autorités soviétiques, qui ont défendu comme on sait, une conception très aristocratique de la culture, n'ont rien négligé pour promouvoir leur compositeur national grâce notamment à des écoles d'instrumentistes remportant souvent les plus grands concours internationaux. Je ne peux donc m'empêcher de penser, somme toute, que les musicographes qui ont daigné prêter quelque considération au vieux pleurnichard, ont eu parfois la main un peu forcée par cette omniprésence du compositeur au niveau des concerts. Saura-t-on jamais dans le domaine musical qui manipule qui? (j'exclus naturellement de cette remarque le jugement, qui me paraît très clairvoyant, de Guy Erismann, auteur de la citation précédente).

Mais, que dis-je? Ne croyez rien de tout cela, c'est assurément une pure divagation de mon esprit perverti qui voit des complots partout. Je vous convie plutôt à écouter, ou réécouter Fatum, le Concerto n°1 pour piano et orchestre, qui représentent pour moi quelques-unes des meilleures oeuvres de toute la musique classique.


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