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CHRONIQUE n° 64 - 01/05/2006
QU'APPORTENT LES DONNÉES ANALYTIQUES DANS L'AUDITION MUSICALE


J. Viret de l'Université de Strasbourg déclare dans un article à L'éducation musicale les propos suivants, que nous considérons d'une particulière clairvoyance:

Les données analytiques ne sont ni nécessaires, ni suffisantes pour acquérir ce qu'on appelle une bonne écoute.

La formule témoigne du hiatus profond qui existerait entre l'analyse théorique et la perception esthétique, lesquels seraient consécutifs, on peut l'imaginer, d'activités mentales différentes. Ce qui incline consécutivement à considérer la bonne écoute comme un caractère relevant de l'inné et non de l'acquis, quoique cette assersion resterait à démontrer. Mais ne pourrait-on suggérer plus encore? Les connaissances analytiques ne pourraient-elles pas gêner l'auditeur en lui occultant la véritable beauté de la musique, ou si l'on préfère, l'intellectualité ne perturbe-t-elle pas parfois la sensibilité véritable? C'est ainsi qu'il serait plus difficile d'être un véritable mélomane lorsqu'on est un Intellectuel et que l'on possède des connaissances musicales théoriques. Selon cette optique, la connaissance du contexte historique aussi bien que les données analytiques ne permettront pas qu'une oeuvre soit mieux appréciée. La musique à programme ne nous semble pas faire exception. La connaissance du programme pourrait expliquer l'oeuvre, mais non pas augmenter l'intérêt purement musical de l'audition. C'est ce qui différencierait la musique à programme de la musique d'imitation. Le contexte historique et psychologique, selon notre hypothèse, constituerait une approche didactique a posteriori, il s'agirait d'un intérêt purement historique. De même l'analyse mélodique et harmonique de l'oeuvre revêtiraient un intérêt purement didactique, scientifique, quoiqu'il soit toujours tentant pour le spécialiste de montrer qu'une élaboration d'ordre structurale (selon ce qu'il affirme) puisse expliquer la valeur d'une oeuvre. L'assertion de J.Viret, si elle comporte une part de vérité, impliquerait qu'il faut laisser au mélomane l'indépendance permettant de juger les oeuvres et non pas canaliser son jugement dans le moule des valeurs préétablies par l'activité des Intellectuels au cours de l'Histoire.


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