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CHRONIQUE n° 79 - 08/2007
L'ÉVOLUTION MÊME DU LANGAGE MUSICAL DEPUIS LE 18e SIÈCLE NE CAUTIONNE-T-IL PAS L'ATONALISME?


En histoire de la musique, l'on a trop sous-estimé, nous semble-t-il, les évolutions qui ont concerné les autres aspects que la tonalité et l’harmonie, par exemple les évolutions portant sur la thématique, la mélodie, l’instrumentation, le rythme... Le passage de la musique baroque au style galant pourrait en être un exemple. C'est, selon nous, la nature de la mélodie qui change sans que du point de vue tonal, au niveau de l’harmonie, apparaissent de différences conséquentes. Aujourd’hui, les particularités de la musique galante ont été parfaitement mises en évidence selon tous leurs aspects, particularités parmi lesquelles l'évolution harmonique ne constitue qu'une partie bien négligeable. En outre, cette évolution harmonique, par rapport à l'époque baroque, semble plutôt se réaliser vers une évidence tonale plus accusée. C'est à notre sens surtout le caractère cantabile de la mélodie qui signe le mieux la nouveauté du style classique. Lors du passage aux effets wagnériens et à la musique dite impressionniste, par rapport au symphonisme berliozien, les caractéristiques tonales ne nous paraissent pas fondamentalement affectées, c’est peut-être plutôt une certaine sensualité nouvelle du son qui apparaît, laquelle, plus que par l’harmonie, se traduit par la thématique, le rythme, la mélodie, notamment par la lenteur nordique, issue du rhapsodisme. N'y a-t-il pas cette volonté de détruire le culte de l'harmonie dans la prédilection de Debussy pour les passages à nu de la main droite dans des pièces pour piano comme par exemple le célèbre Petit berger. Ainsi le compositeur n'a-t-il pas voulu montrer que la modernité musicale pouvait s'exprimer par un épanchement de ce qu'on ne saurait nommer sous aucun vocable. L'évolution tonale est peut-être un aspect très secondaire de l'évolution de la musique. N’a-t-on pas trop longtemps cru que cette évolution se comprenait logiquement à partir des harmoniques de la résonance mis en évidence par Sauveur et théorisés par J.P. Rameau, c’est-à-dire par l’emploi d’accords de plus en plus dissonants. C’est sur ce dogme, qui pourrait bien être erroné, que s’appuient implicitement les partisans de la musique moderne pour prouver que la musique atonale représente l’étape suivante de l’évolution musicale. Mais, même si l’on veut bien admettre cette évolution, lorsqu’on aboutit à des agrégations, des modulations de plus en plus fuyantes, complexes, subtiles, (comme par exemple chez Irgens-Jensen, J. Halvorsen, A. Liadov, Bantock, S. Barber...), cette complexité, cette subtilité pourraient se comprendre justement par une référence de plus en plus subtile à la tonalité et non pas comme un accès progressif à l’atonalisme.


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